« On parle toujours d’une société malgache matriarcale qui veut dire que le pouvoir effectif est entre les mains des femmes, on parle également de l’égalité des sexes à Madagascar statistiques à l’appui, mais ce ne sont que des mythes, la réalité sur terrain est différente » ; tel est entre autre une partie des résultats de recherche de Ramanantsoa Ambinina, doctorante en sociologie qui a donné une conférence à l’IFM (institut français de Madagascar) le 11 février 2015. Les femmes n’ont jamais eu de pouvoir effectif ni le contrôle de la société à Madagascar, soutient la jeune chercheuse, même du temps des reines qui n’ont eu que des pouvoirs symboliques. C’était le Premier ministre de l’époque Rainilaiarivony qui détenait le vrai pouvoir, c’est-à-dire que c’était lui qui décidait des stratégies politiques et tout ce qui en découlait. Une des raisons pour laquelle il a épousé les reines successives. Même aujourd’hui, il n’y a pas de société matriarcale à Madagascar. La femme n’a toujours pas de contrôle sur la société.
De même, il y a eu une ambiguïté sur l’égalité des sexes à Madagascar. Certes, la femme malgache jouit d’une liberté relative : il n’y a pas d’excision et les fillettes et jeunes filles ont droit à l’éducation mais ne vont pas aller très loin. Les filles sont toujours plus amenées à aider les familles plus que les garçons. La jeune chercheuse constate que l’inégalité touche tous les domaines et toujours en défaveur de la femme. L’exemple le plus patent concerne le domaine politique. Le quota de 30% n’est respecté par aucune autorité même quand il s’agit d’une nomination, le nombre des femmes ministres le prouve : 6 sur 30. Pareil au sein des parlementaires et des autres organes décisionnaires. Dans le domaine de la santé, la femme n’a pas le droit de jouir de son corps, l’avortement est toujours criminalisé même en cas d’inceste ou de viol. D’ailleurs, l’avortement est un sujet tabou que la société toute entière évite d’aborder alors que tout le monde sait que l’avortement clandestin, très dangereux pour les femmes, se pratique à tous les coins de rues. 10 femmes malgaches par jour meurent toujours en couches actuellement. 30% des femmes déclarent avoir subi des violences en tout genre - physique et/ou morale - de la part de leurs conjoints. Le déséquilibre entre les sexes est encore inégal en fonction des régions. Il y a des régions où l’injustice sociale envers les femmes est encore plus accentuée comme dans la région Sud-Est d’après les résultats de recherche de Tselany Deborah, une autre jeune femme chercheuse. Malgré les lois en vigueur, les femmes n’ont pas droit à l’héritage dans cette région, elles n’ont pas droit à la succession des biens de leurs parents ; tout revient aux garçons. De même la femme mariée peut être répudiée unilatéralement et les mains vides par le mari, malgré le zara-mira (partage équitable des biens communs pendant le mariage) prévu par la loi. Dans la vie quotidienne, les femmes n’ont pas le droit de manger avec les hommes, bien qu’elles se soient occupées de la préparation du repas ; elles mangent les restes des hommes. Les femmes sont considérées comme des êtres inférieurs dans cette société, les gardiens de la tradition sont superpuissants et empêchent toute forme d’évolution de la société. Il arrive même que les représentants de l’État bloquent l’application des droits des femmes dans cette région. Tselany Deborah donne l’exemple du refus d’un chef de district de faire distribuer aux femmes des cartes d’identité nationale à l’occasion d’une opération « carte d’identité nationale ». Le chef de district a même porté l’affaire devant le procureur qui, heureusement, a décidé que les femmes aussi ont droit de disposer d’une carte d’identité nationale. Ce sont autant de chiffres et d’exemples qui démontrent que les défenseurs de l’égalité des sexes ont encore du pain sur la planche. Source: Madagascar Tribune 13 avril 2015 Bonne lecture et bon surf à toutes et à tous :-) Rina
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